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L'île des Sylphides II


XXVIII - Trois Déesses -


Mademoiselle Ethel, l'amie de Sophie, entre. Elle est mince, et porte une longue jupe étroite. Le visage sévère, coiffé d'un haut chignon parfaitement maîtrisé.

"Suivez-moi ! Mon amie Sophie est installée parmi ses invitées. Vous allez participer à un défilé de mode, un spectacle élégant dans la cours d'honneur du château."


A petits pas, on s'approche lentement de la salle de bal.

Mademoiselle Ethel, nous explique. "Le spectacle se déroulera en extérieur. Les invitées sont installées dans un espace réservé, sur la pelouse devant le grand escalier de la cour d'honneur."


On arrive devant la porte de la salle de danse.

"Bonjour Céleste, je vous confie les deux Poupées de Sophie. Je la rejoins dans le parc."

Mademoiselle Céleste nous prend en charge et nous ouvre les deux portes de la salle de bal.


Sur toute la largeur de la salle, il y a plus de vingt jeunes filles, toutes habillées de la même robe. Une large crinoline bleu azur, brillante. Vraiment très large, plus de deux mètres, sans doute trois, ou plus...

Des robes recouvertes d'un tulle bleu azur et parsemé de brillants. Bustier serré à la taille visiblement corsetée, mais pas autant que nous. Elles portent un voile de dentelle du même bleu que la crinoline. Il leur recouvre la tête et s'étale derrière elles, jusqu'au sol.

Vers les portes donnant sur la terrasse, les seize jeunes filles élégantes, portant des robes longues. Un style 1900 revisité, plus moderne, plus sexy, provocant pour certaines.


Mademoiselle Céleste écarte un peu les rideaux pour nous montrer la terrasse, et les aménagements dans la cour d'honneur et le parc.

Tout est transformé, des bacs de fleur décorent la terrasse et le grand escalier. En bas de cet escalier, la cours est convertie en scène. Un plateau est installé devant tout cet ensemble. Sur ce plateau, des petites tables avec deux ou trois chaises aux dossiers rouges et ors, où sont assises les invitées. Les robes colorées rivalisent avec les fleurs posées sur les tables, ainsi que le long du plateau, devant la scène... Un décor floral impressionnant. J'imagine que la façade du château et le grand escalier servent de fond de scène.


Mademoiselle Céleste nous explique ce que l'on devra faire. Notre entrée se fera après les jeunes filles en crinoline bleue. Et elle nous montre un dessin. Il représente la terrasse du château, le grand escalier et la cour d'honneur. Il y a deux tracés que l'on devra suivre. L'un pour Gwendeline, l'autre pour moi.

Je ne suis pas surprise, le tracé ressemble aux exercices que l'on pratique depuis plus d'un mois. Je comprends maintenant pourquoi on s'est exercées à la descente du grand escalier.

Les jeunes filles "1900" attendent le signal de départ devant les portes, donnant sur la terrasse. Les portes vitrées sont occultées par des rideaux sombres. Je devine la lumière de projecteurs qui filtre entre les rideaux.


En attendant le début du défilé, et notre entrée, Cléo et Camille nous installent à genoux sur un coussin. L'attente est plus confortable. Elles sont encore bâillonnées pour quelques heures.


Enfin, le spectacle semble commencer. Les jeunes filles "1900" se préparent à entrer sur scène.

Les mannequins entrent sur la terrasse une à une. Elles attendent que la précédente aie fait son parcours. La dernière en grande crinoline de dentelle rouge coquelicot, entre sur la terrasse, c'est la dernière avec la robe la plus somptueuse, et la seule à porter un corset aussi étranglé à la taille. Je vois les mouvements amples de sa crinoline, comme une valse lente, légère...


Cléo et Camille, nous aident à nous lever.

Il reste peu de temps avant notre entrée, debout, perchée sur nos étranges chaussures. Elles sont si hautes, avec ses talons si fins.

J'aimerais les voir, ils sont extraordinaires, tout en or. Je me sens grande, trop grande, à cause, de ses talons, démentiels.

Coralie m'a dit que je mesure un mètre quatre-vingt-dix. Comme je mesure naturellement un mètre soixante, je porte des talons qui me grandissent de trente centimètres. Et je dois tenir debout, en équilibre sur ces talons beaucoup trop hauts.


Je regarde Gwendeline, ma jumelle. Sa silhouette ahurissante, elle est grande, aérienne perchée sur les aiguilles d'or de ses chaussures qui la grandisse. De longues jambes disparaissent sous des jupons blancs. La crinoline, au-dessus des jupons, part du milieu de ses cuisses. Un nuage vaporeux de dentelle blanche surmontée de la robe toute dorée. Des hanches larges, une taille minuscule, étranglée par un impitoyable corset. La poitrine très présente, douce et ronde. Une poitrine épanouie, sous des épaules qui bougent, se soulèvent au rythme d'une respiration courte. Des seins qui montent à chaque inspiration, poussée très haut par le corset. Des seins qui gonflent, débordent, cherchent leur place, essaye d'échapper à la pression du corset.


Plus haut... Comme elle est grande avec ses talons. Plus haut, un cou mince soutien un visage de poupée très blanc, très maquillé et une énorme masse de cheveux blonds qui bouclent, cascadent sur ses épaules, dans le dos. Une coiffure volumineuse souple, mouvante, caressant les joues, le dos, le haut de sa poitrine.

Gwendeline étouffe comme moi, chaque respiration est une lutte contre le corset et nos seins trop serrés, trop exposés, trop gonflés, presque indécents...

Une silhouette dorée, avec de grands volumes et comme coupée en deux par le corset. Le devant droit, des genoux jusque-là base des seins, le dos par contraste tout en courbes sinueuses, étonnamment cambré, les fesses très en valeur, très exposées, provocantes et si attirantes...


J'étouffe, comme ça me serre. Je ne peux pas voir mes pieds mes jambes, mais je vois mes seins énormes, monter à chaque inspiration. Limiter mes inspirations pour ne pas voir ses seins gonfler. J'ai honte de m'exposerez ainsi. J'étouffe, je dois respirer en soulevant mes épaules, et en acceptant que mes seins soient exhibés par mon corset, présentés à la vue de tous, comme offert à toutes... Je baisse la tête de sorte que mes cheveux les cachent un peu.


Mademoiselle Céleste me regarde, avec un sourire inquisiteur. "Redressez la tête, et n'essayez pas de cacher votre poitrine. Elle est superbe. Vous devriez en être fière."

Elle me présente un coffret à bijoux. Je vois les bracelets et bagues reliés par une chaînette que j'avais déjà portés. Ils m'obligent à garder les mains dans une posture élégante mais très contrainte. Il y a un collier formé de trois chaînettes reliées par des tiges. Chaînette d'or sertie de petit diamant.

Elle me fixe ce collier autour du cou. Cela ressemble aux baleines d'un corset, et m'oblige à garder la tête haute, très relevée. Je ne peux plus baisser la tête, je ne peux plus cacher mes seins si proéminents, si mobiles par mes cheveux. Je me sens comme exposée, donnée, offerte...

Satisfaite, elle me laisse là.


Devant moi, les jeunes filles en crinoline bleue attendent. Quelques-unes se retournent et s'approchent de moi.

"Mademoiselle Gwendoline ou Gwendeline ? Je suis en admiration, j'aimerais tant avoir votre silhouette, cette taille étranglée, si fine. J'adorerais être à votre place."

Je suis soufflée, c'est moi qui aimerais être à sa place. Corset raisonnable, talons de dix ou onze centimètres, jolie crinoline, pas trop difficile à porter...

"Je vous remercie, mais ne soyez pas trop jalouse, je souffre beaucoup dans cette robe. Mes chaussures ne sont pas faciles et le corset est épouvantable, beaucoup trop serré."

"Sans doute, mais vous êtes magnifique. Un exemple pour nous. "

"Merci, mais que de sacrifice pour avoir cette allure."


Devant le groupe de jeunes fille en crinoline bleu, un mouvement, une attente qui se précise. Mademoiselle céleste est devant les trois portes vitrées donnant sur la terrasse. On est en fin d'après-midi. Je sais que la terrage orientée plein ouest est éclairée par le soleil bientôt couchant. Sur la scène, les mannequins font un tour et se placent devant les invitées. Elles font une révérence, et sortent de la scène.

Alors, Mademoiselle Bertine donne le signal pour l'entrée des crinolines bleues.


La porte centrale s'ouvre. Une première fille en crinoline s'avance. Suivie d'une deuxième, d'une troisième...

La musique d'Ennio Morricone "Il était une fois dans l'Ouest", s'élève, doucement, éthérée, puis lentement, délicatement plus forte, et encore, elle prend de l'ampleur, nous enveloppe, devient puissante. Lyrique... et se calme, s'éteint, pour reprendre ensuite...


Bientôt notre tour, il faudra être élégante malgré nos étranges chaussures tellement hautes, aux talons si fins.


Il reste cinq filles en crinoline quand Mademoiselle Céleste nous place devant les portes à gauche et à droite. Je vois entre deux rideaux la fille de jeune fille en crinoline, descendre le grand escalier et se placer de sorte à occuper tout l'espace devant cet escalier monumental. Avec leur grande crinoline, elles couvrent toute la scène en dansant lentement. Un espace de tourbillon bleu azur mouvant, comme un lac, une mer légèrement agitée.


Le soleil baisse, la terrasse est éclairée d'une lumière dorée. Mademoiselle Céleste ouvre les portes en grand. Au premier pas sur la terrasse, la musique de Vangelis - "Conquest of paradise" nous portent, nous entraîne. Nous sommes deux sculptures vivantes qui s'animent, dorée, modelée, coiffée, perchée... deux poupées ou la beauté extrême ignore le confort, la contrainte, presque la souffrance.

Gwendeline et moi, on s'avance lentement, portées par la musique, la lumière des derniers feux du soleil.

Nos robes, notre corset-bustier d'or flamboient dans le soleil couchant.

On doit s'écarter sur la terrasse, ensuite revenir au centre et descendre l'escalier cote à cote. Petits, pas minuscules, ultra contrôlés. Ne pas admettre le moindre déséquilibre. On descend lentement, sans doute trop lentement. La musique nous porte, on doit traverser la mer de crinoline bleue et mouvante, mais comment.


Au moment où j'approche des jeunes filles, elles se baissent. J'avance, je suis tellement haute avec mes talons, que ma grande crinoline d'or, passe par-dessus celle des jeunes filles. Je suis comme un vaisseau qui flotte sur une mer bleue, qui navigue lentement sur les flots bleus, poussée par la musique de Vangelis.


Par moments, une danse évoque la mer agitée, mais je continue d'avancer en faisant un grand arc de cercle. Je navigue, je suis capitaine d'un vaisseau d'or sur une mer de tulle. Je navigue vers un autre vaisseau. Lentement, je m'approche. Doucement, elle s'approche... Enfin, on s'arrime, Gwendeline me serre dans ses bras, on forme alors un seul vaisseau dans la mer de tulle.


La mer s'agite autour de nous, une houle se forme, des crinolines se déploie, se baissent et se redéploie, une mouvance de robe bleue, qui se disperse, s'éloignent, reviennent et nous entourent.


Notre vaisseau d'or se balance doucement sur la mer apaisée. Nos corps fusionnent, serrés l'une contre l'autre, en s'embrassant, se serrant, corset contre corset. Nos crinolines d'or s'étalant derrière nous, sur la mer bleue. Comme une île d'or pur.


La musique s'arrête... Elle reprend différente, éthérée "Il était une fois dans l'Ouest" d'Ennio Morricone.

Gwendeline tourne la tête vers le public. Je fais de même et ensuite, ensemble, on fait face au public.


Sur le plateau des invitées, un mouvement, des femmes qui se lèvent, s'écartent, elles dégagent une allée. Forment comme une haie d'honneur.


Tout au fond, une immense crinoline surmontée d'un buste étranglé à la taille, les bras écartés, presque posés sur la crinoline blanche, pâle avec des reflets dorés. Tout en haut, une tête volumineuse, dorée, plus large que les épaules. Elle s'approche lentement accompagnée de la musique d'Enio Moricone. Je peux voir maintenant, le visage fin et délicat de Mademoiselle Sophie. Un visage noyé dans une chevelure bouffante, mouvante, extraordinaire. Je peux découvrir sa crinoline blanche, rehaussée d'un décor floral à la feuille d'or. Un décor d'entrelacs de feuille de chêne, qui montent en spirale, enlaçant le bustier au large décolleté.


Elle s'avance lentement vers nous et fait une pause au bord du plateau. Quand elle descend l'escalier, je remarque ses chaussures, le pied très cambré, presque sur la pointe des orteils. Des talons d'ors semblable aux nôtres. Un talon sous la pointe des pieds. Un autre deux fois plus haut, sous ses propres talons.


Elle s'approche de nous. Sa taille est minuscule, la robe incroyablement large, Sophie émerge de cette étendue blanche, vaporeuse et dorée. Un buste étroit, sévèrement corseté, une poitrine très présente et ce visage au milieu d'une masse incroyable de cheveux.


Elle s'approche de nous, sa robe nous submerge, nous engloutit. Elle recouvre nos propres crinolines. La finesse de nos tailles, notre buste étroit donnent l'illusion d'être comme trois aiguilles plantées dans un dôme de neige. Des aiguilles surmontées de crinière ondulant avec le vent, nos bras comme des cordages nous amarrent ensemble. Ils nous rassemblent, nous attachent l'une à l'autre. Nos coiffures entremêlées. Plus proche, encore plus près.

Visage contre visage, nos énormes coiffures nous isolent du monde extérieur.

Sophie s'insinue dans le cocon de nos cheveux. Elle nous embrasse amoureusement.


Un dernier sursaut du soleil nous illumine, nous transforme en un mirage éblouissant, blanc et or.


C'est seulement à ce moment que j'entends les applaudissements. Je suis bien... serrée, corsetée, pomponnée, coiffée, haut talonnée, mais bien dans les bras de Sophie, de Gwendeline et Gwendoline.


Trois femmes amoureuses... Trois Déesses...



FIN ...




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L'île des Sylphides II

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