Home -  Corsets -  Textes -  Galerie -  Jeux -  *NOUVEAUX* - 



L'île des Sylphides II


XXI - Apprentissages -


Camille et Cléo nous annoncent que les chaussures sont prêtes. Enfin, j'ai hâte de les voir. Elles nous poussent dans nos chaises roulantes vers la salle de danse.


Mademoiselle Céleste, nous ouvre la porte de son domaine. Dans la salle, Mademoiselle Betty nous attend devant une table ou sont disposées les chaussures spéciales. Elles sont semblables aux modèles qu'elle nous avait présentés, mais moins hautes, et la semelle du talon plus large.



Betty s'approche de moi avec une paire de ces chaussures tellement bizarres. Elles sont comme des cothurnes ou des chopines vénitiennes, mais inversées.

"Asseyez-vous Mademoiselle ?"

Elle pose les chaussures sur le sol, et je dois y insérer mes pieds verticalement. Il y a comme un effet de succion, mes pieds collent parfaitement aux parois internes. Mademoiselle Betty serre les lacets. Mes pieds sont alors bloqués, bien maintenus.


La posture est anormale, la plante du pied est retournée vers le haut, les ongles des orteils pointent vers le sol !!! Betty m'explique que mes pieds sont cambrés comme ceux d'une danseuse qui fait des pointes. En fait, encore plus cambré. Je suis toujours assise, la base des talons à plat sur le sol. Betty m'aide à me lever. Je suis debout. Une sensation agréable de se sentir plus grande. Je me tiens bien droite, sans être contrainte à une posture bizarre. Je tiens en équilibre, avec mes pieds complètement retournés, cambrés à l'excès, mais bien tenus par les chaussures.

C'est étrange, cette sensation du poids sur le dessus du pied est surprenante. Je tiens debout sans aide.


Mademoiselle Céleste me donne la main.

"Nous allons essayer de faire quelques pas. Un seul à la fois et de toutes petites étapes. Posez bien le pied au sol. Quand vous serez stable, et seulement à ce moment, vous pourrez avancer l'autre pied."

Je porte mon poids sur le pied droit. J'avance lentement le pied gauche en le soulevant très peu. Je l'avance moins de dix centimètres et je le pose bien à plat, en tremblant un peu. La sensation sur mes pieds est vraiment étrange. Je me sens en équilibre, juste en équilibre. Je reste droite. J'ai peur que le moindre mouvement me fasse tomber, me torde les chevilles. Heureusement, les chaussures de Betty sont des merveilles, elles me tiennent bien les pieds, malgré leurs postures ultra cambrées.


Je marche quelques mètres, ensuite Mademoiselle Betty me guide pour faire un demi-tour sans tomber.


Devant moi, je vois Mademoiselle Céleste aider Gwendeline à se mettre debout. Elle marche très lentement vers moi. Mesdemoiselles Betty et Céleste nous lâchent. Un instant d'hésitation... On remarche à nouveau, avec précautions, mais on marche sans aide, l'une vers l'autre.

Je suis heureuse de serrer mon amie dans mes bras, de se tenir debout. J'entends des applaudissements. Je me retourne, Betty et Céleste nous applaudissent. D'un même élan Gwendeline et moi, applaudissons l'exploit de la création de ces chaussures si bizarres, mais si belles, merveilleusement bien adaptées à nos pieds étranges.


Nous devons réapprendre à marcher... normalement. Cela semble impossible d'avoir une marche naturelle, avec ces chaussures et nos pieds cambrés au-delà de la verticale.


Les jours suivant, Camille et Cléo, nous font marcher dans les longs couloirs du château. Le sol est plat, mais par endroit, le parquet est glissant. Cela nous oblige à nous concentrer sur la posture de nos pieds, l'enchaînement de nos pas. Elles nous aident vraiment et nous poussent à marcher encore et encore.


Petit à petit, je m'habitue à cette posture étrange de mes pieds, de ces chaussures bizarres qui me permettent de me tenir debout sur la pointe des orteils. Je suis comme une ballerine faisant des pointes. Cette posture me fait grandir d'au moins quinze centimètres.


J'arrive à marcher presque normalement. Mes pieds ont fusionné avec mes nouvelles chaussures, au point qu'elles sont devenues une partie de moi, le prolongement naturel de mes jambes. Pourtant, elles sont rigides, métalliques, mais parfaitement ajustées à mes pieds déformés, tellement cambrés.


Aujourd'hui, commence des exercices plus délicats. Camille et Cléo nous guident vers une salle de gymnastique. Ho pas pour faire du sport. Non, mais pour nous apprendre à maîtriser des sols plus difficiles que le parquet. Dans la salle, il y a plusieurs pistes d'au moins vingt mètres de long. Elles sont alignées côte à côte, et ont divers revêtements.

La première simule une allée de gravier, une autre, des pavés aux sommets arrondis, une allée de sable, une moquette épaisse, un revêtement de tomettes un peu disjointes, une pelouse à l'herbes très rases et la dernière, une série d'escaliers et de rampes, plus ou moins raides. "Voilà votre parcours des femmes élégantes en toute circonstances." Dit Camille.

Cléo me guide vers la piste en gravier. Je pose le pied avec précaution, le sol est plat, mais j'ai des difficultés de poser correctement ma chaussure bien calée. Le sol me semble un peu mou, instable. Le deuxième pas est difficile. Je dois faire attention, mon pied doit rester bien cambré, pour que la semelle de mon étrange chaussure reste bien à plat.


Cléo m'aide à sortir de cette allée avant la fin.

"Cet entraînement de l'allée de gravillons, est destiné à renforcer tes chevilles, à les garder bien droites sur un sol mou."

Sûrement, mais ce n'est pas simple avec les pieds aussi cambrés. L'allée suivante est pavée. De gros pavés arrondis. Cléo devait me soutenir à chaque pas. Au bout de quelques mètres, elle me suggère de poser le talon entre deux pavés et ainsi, éviter le sommet arrondi, trop glissant avec mes chaussures spéciales. Oui, mais je dois tâter le sol avec des difficultés d'équilibre. Sans le soutien de Cléo, je serais déjà tombée plusieurs fois.


"Cela suffit pour aujourd'hui. Demain, tu essayeras de marcher dans le sable. Je vois bien que marcher sur de gros pavés est difficile pour toi. Il faudra t'entraîner beaucoup plus."


Gwendeline n'avait pas pu terminer ses parcours.

"Camille, on va les raccompagner dans leur chambre. C'est du parquet, plus facile. Mais faites attention, ne relâchez pas votre concentration. C'est dans des moments d'inattention que l'on trébuche. Restez concentrées sur la marche. "


Notre chambre est dans l'autre aile du château. C'est un peu loin et je me concentre sur chaque pas. Je marche lentement, les pieds cambrés, mais bien dans l'axe de mes jambes.

Dans la chambre, la première chose à faire... M'asseoir dans un fauteuil, soulager mes pauvres pieds. Heureusement que je porte un corset court, qui me permet de m'asseoir presque normalement.


Le lendemain, on doit se rendre dans la salle d'entraînement. Camille et Cléo nous sanglent dans nos petits corsets avant de nous accompagner à cette salle.

Mademoiselle Céleste, nous fait évoluer sur le parquet. Marche presque normale, faire un gracieux demi-tour. Faire une jolie révérence, marcher en rond, en ligne droite. Se baisser, remarcher encore. Enfin, elle nous autorise une pause, mais on doit rester debout, sans bouger. Pendant ce temps, Camille et Cléo déménagent une sorte de meuble. Elle le pose devant nous. C'est un petit escalier suivi d'un plateau assez étroit.


Mademoiselle Céleste indique la fin de la pause. Elle nous dit : "Mesdemoiselles, vous allez monter les cinq marches. Sur le plateau, vous me ferez un élégant demi-tour, et vous descendrez ces cinq marches. Je veux de l'élégance dans tous vos gestes. Attention, le plateau est très petit, mais vous avez assez de place pour faire votre demi-tour."

Les marches ne sont pas très hautes, mais très étroites. La semelle de mes chaussures déborde un peu des marches. Je monte lentement. Mes pieds tremblent. Je dois m'arrêter quelques secondes. Une autre marche, assurer la posture du pied, et seulement après, monter une autre marche. C'est ridicule, autant de précautions pour cinq petites marches. J'arrive sur le plateau. Je ne me sens pas bien, pas stable.

Reprendre ma respiration, me calmer. Mon corset ne m'aide pas. Il m'oblige à respirer plus rapidement, moins profondément. L'inverse de ce que j'ai besoin. Ne plus bouger, un moment, un instant... je vais me retourner... C'est haut... Je me retourne en piétinant, comme si je faisais de tout petits pas. Ne pas tomber, ne pas me pencher, même pour voir les marches. Je reste droite. Je n'ose pas regarder en bas. A tâtons, j'avance un pied, je cherche la marche, je la sens. Je me baisse, mon pied glisse sur le rebord de la marche, je me baisse encore un peu. Voilà, le pied est posé sur la quatrième marche. Ensuite, les deux pieds sur la quatrième marche.

Même chose pour atteindre la troisième marche. Que c'est long. Que je suis lente. A chaque instant, je crains de tomber.


C'est au tour de Gwendeline. Elle est plus à l'aise que moi, mais elle doit aussi monter et descendre, ces cinq marches très lentement.

Mademoiselle Céleste, nous fait répéter ces exercices toute l'après-midi. Marche, révérences, demi-tours, escaliers... Et on recommence...


Tous les après-midi sont consacrés aux exercices de marche. Je me débrouille pas mal sur les différents parcours. Certains sont faciles comme la piste de gravier ou la moquette, mais la piste de gros pavés me pose encore des problèmes. Chaque pas sur cette piste est différent, chaque pas est un piège.


Aujourd'hui, Mademoiselle Céleste nous accueille avec un nouvel accessoire. Deux élégants bracelets en or réunis par une chaînette. Ces bracelets de deux centimètres de large, sont gravés d'un entrelac de liane. Ils sont réunis par une chaînette courte.

"Mes jolies poupées, il est temps d'apprendre à marcher à petits pas. Et bien évidemment, avec élégances."

Mademoiselle Céleste ajoute : "Je vais vous attacher les chevilles. Ces entraves sont destinées à régler l'ampleur de vos pas. Huit centimètres me paraient bien."

Huit centimètres ! Mais on ne pourra même pas mettre un pied devant l'autre. Cléo m'attache les chevilles. Les anneaux très élégants, me serrent doucement, fermement. J'essaye de marcher et mon premier pas me fait trébucher. Je serais tombée sans l'aide de Cléo. Il me faut prendre la mesure de mes pas.

Je dois marcher, mais tellement lentement. C'est exaspérant ces petits pas forcés. Je n'avance pas, et je n'ose pas faire des pas plus rapides avec mes étranges chaussures. Les exercices que demande Mademoiselle Céleste deviennent difficiles et longs, très longs.


"Mes jolies poupées, je vous propose l'épreuve de l'escalier. Vous pourrez ainsi mesurer vos limites."

Se déplacer vers l'escalier d'exercice est long. Mais devant l'escalier, je me rends compte que je ne peux pas atteindre la première marche. Gwendeline essaye aussi, mais elle ne peut pas monter sur la première marche avec cette chaîne de huit centimètres et des marches de 15 centimètres. Pourtant, c'est un escalier avec de petites marches. Un escalier standard nous est encore plus inaccessible.

"Essayez cet autre escalier, les marches sont deux fois plus petites. Pour la même hauteur, il y a dix marches au lieu de cinq."

Gwendeline s'approche du nouvel escalier. Elle peut monter sur la première marche. Mademoiselle Céleste l'incite à monter les dix marches et faire un joli demi-tour en haut, sur la petite plate-forme. Gwendeline monte lentement les marches, fait un demi-tour impeccable, et descend avec une extrême lenteur.

"Bien Gwendeline. Tu a raison de ne pas regarder tes pieds. Ce ne serait pas élégant et peut te déséquilibrer. Tu as descendu avec beaucoup de précautions en gardant le regard haut. C'est la bonne méthode. N'oubliez pas qu'un jour, vous devrez descendre un escalier en portant une crinoline. Ce jour là, vous ne pourrez pas voir vos pieds. Pensez-y !"


Le cours est terminé, Mademoiselle Céleste nous libèrent. On peut retourner dans notre chambre. Se reposer après ces exercices. Cet apprentissage à la marche si étrange.

"Mademoiselle Cléo, vous voulez bien détacher mes chevilles que je puisse retourner dans ma chambre."

"Vous détacher. C'est une plaisanterie. Il n'en est pas question et de plus, je n'ai pas les clefs."

Ho, je sens que le trajet jusqu'à notre chambre va être long. Cela fait plus d'un quart d'heure que Gwendeline et moi, piétinions lentement dans les couloirs du château. Je sens bien que Mademoiselle Cléo s'impatiente, mais je ne peux vraiment pas avancer plus vite. Je dois même m'arrêter pour reprendre mon souffle à force de faire des pas si rapides, comme si je courais, mais en faisant pratiquement du sur place.


Enfin, je vois la porte de nos appartements. On approche lentement. Je suis essoufflée par mon corset qui me serre trop et cette marche étrange.



   L'île des Sylphides II Ch. XXII

   L'île des Sylphides II Ch. XX






L'île des Sylphides II

-INDEX-

I

II

III

IV

V

VI

VII

VIII

IX

X

XI

XII

XIII

XIV

XV

XVI

XVII

XVIII

XIX

XX

XXI

XXII

XXIII

XXIV

XXV

XXVI

XXVII

XXVIII



© Fred Pody 2023


Retour aux textes  -   Retour accueil