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L'île des Sylphides II


XIII - Un projet délirant -


Cinq jours plus tard, on est de nouveau dans le salon, attachées comme d'habitude. La Doctoresse nous inspecte, et nous fait marcher dans la pièce. Enfin, elle se décide à parler à Madame Mélusine qui s'impatiente.

"Madame, j'ai une proposition, qui sera spectaculaire, mais qui comporte quelques risques. Je pense que c'est jouable, mais avec des moyens et notamment deux autres chirurgiens pour m'assister."

"Ho, cela risque de coûter très cher. Il faut vraiment que ce soit exceptionnel."

"Ho oui. Ces deux demoiselles, ont bien l'habitude de marcher en talons hauts, mais elles n'ont probablement jamais marché sur la pointe des pieds."

"Comment ? "

"Oui, comme des ballerines. Bien sur une danseuse classique ne peut rester sur la pointe des pieds que peu de temps. Je vous propose quelque chose de différent. Je prévois d'associer une chirurgie lourde des pieds et le port de chaussures spéciales, qui leur permettront de marcher sur la pointe des pieds en permanence. Mais il faut savoir, qu'elles ne pourront plus jamais poser le pied à plat sur le sol. Elles devront marcher comme des ballerines, mais en faisant des pointes en permanence."


C'est de la folie, je revis les instants qui ont précédé mon entrée en clinique, sur l'île des Sylphides.

"Mais alors, si vous réalisez votre projet, elles devraient marcher en se tenant debout sur la pointe des pieds, sur le bout de leurs orteils."

"Oui, c'est cela. La chaussure à semelle métallique sera ajustée pour protéger les orteils, et garder les pieds verticaux. La chirurgie leur donnera une cambrure exceptionnelle, et les obligera à garder les pieds tendus dans le prolongement de la jambe. Elles ne pourront plus porter de chaussures normales, même avec un très haut talon."


Je me sens mal. J'imagine cette opération, j'ai peur, une sensation de faiblesse, froid dans le dos. Je dois m'asseoir. Une fille me soutient. C'est du délire. Elles vont nous estropier. Je m'imagine marcher comme une ballerine, mais pas quelques pas, toute une journée sur la pointe des pieds, c'est impossible.

Je me rappelle la clinique, la doctoresse Claude qui m'a transformée le visage, qui m'a fait la jumelle de Gwendeline, un visage de poupée... Je me rappelle l'évanouissement après l'annonce des opérations qui m'ont transformée en fille, en très belle fille avec un visage de femme, une poitrine de femme. Je me rappelle... Je me dis que ce n'est pas fini. Combien de transformations, mes cheveux, mon visage, ma poitrine et encore les très hauts talons, les robes si féminines et ces corsets qui m'ont modelé le corps et l'esprit. Je suis devenue fille, intimement fille. Amoureuse d'une autre fille. Gwendoline et Gwendeline, si proches, si semblables, si amoureuses...


Le lendemain, conduite dans un cabinet de radiologie. Les clichés se concentrent sur nos pieds.

Aussitôt fait, aussitôt reparti. Pas le temps de rien voir, des immeubles modernes, un bord de mer, à peine aperçus. Je pense que l'on est dans un pays asiatique, mais lequel ?

De retour dans l'appartement de Madame Mélusine, on nous entraîne dans la salle de bains, pour nous prendre l'empreinte de nos pieds dans des moules de plâtre. Pieds à plat et pieds tendus.

Avec le séchage, cela prend toute l'après-midi.

Ensuite, plus rien. De longues journées enchaînées dans notre chambre.

Gwendeline me dit.

"Ma chérie, j'ai peur de ce qu'elles vont nous faire. On ne pourra plus marcher normalement, elles sont folles."

"Je ne sais plus, je suis perdue, j'ai déjà subi tant de transformations, je n'en peux plus, c'est trop."

Se rassurer, mais comment, ma chérie est aussi inquiète que moi. J'aimerais la serrer dans mes bras, mais nos chaînes sont trop courtes.


Trois semaines d'attente, c'est pénible. Je désire qu'il se passe quelque chose, n'importe quoi, mais que ça bouge. Gwendeline aussi, trouve ce temps long. Alors... on attend... encore...


Les deux surveillantes bâillonnées entrent, elles m'enfoncent un bâillon, une boule qui me remplit la bouche, fixée par une sangle. Gwendeline subit le même sort. Ensuite, elles nous détachent la chaîne du cou, et nous attachent les poignets dans le dos.

Les deux surveillantes muettes, nous guident vers un ascenseur.

On arrive dans un garage en sous-sol. Pas d'explication, elles nous obligent à nous étendre chacune sur un brancard. Une grosse ambulance est stationnée à côté, portes arrières ouvertes. Elles nous attachent avec des sangles sur nos civières.


Je commence à avoir peur et personne pour nous expliquer ce qui se passe. A aucun moment, on nous a demandé notre avis ou expliquer ce que Madame Mélusine veut faire de nous.

Avec Mademoiselle Sophie, c'était très différent. Elle nous expliquait tout et elle nous demandait notre accord. Il est vrai qu'il y avait des pressions fortes et un peu de chantages.

Mais ici rien, personne ne s'inquiète de nos peurs, nos angoisses.


La Doctoresse arrive, et sans un mot, elle sort deux seringues et nous injecte à chacune, je ne sais pas quoi.

Les brancards sont poussés dans l'ambulance. J'ai les paupières lourdes, une forte envie de dormir...


Je suis où ! Ho ma tête. La pièce est sombre, et je suis vaseuse... J'essaye de me lever. Je suis attachée au cou par une chaîne. Je ne peux même pas m'asseoir. Vite, me recoucher, ça tourne, un terrible vertige. Je me rendors.

je me réveille, presque. Toujours vaseuse, j'entends Gwendeline s'agiter sur son lit.

La lumière du jour monte doucement. On est revenues dans la chambre. Que s'est-il passé ? La doctoresse a abandonné ? Pourquoi ce retour dans cette chambre ?


Il nous faut du temps pour émerger. Je sens mes jambes immobilisées, mes pieds aussi.

"Gwendoline, tes jambes et tes pieds, tu sens quelque chose ? "

Je repousse le drap comme le fait ma chérie.

Mes jambes et mes pieds sont enfermés dans un plâtre unique, qui couvre mes deux jambes de dessous les genoux jusque-là pointe des pieds. Mais le coté étrange, c'est que le plâtre enferme mes deux jambes ensemble. De plus, mes pieds semblent en position tendus, et même très tendus. Gwendeline porte le même plâtre qui attache ses jambes et pieds ensemble. Le profil de son plâtre est étonnant, ses pieds forment une forte cambrure et ses orteils fortement tendus en arrière. Une posture artificielle, impossible d'obtenir de manière naturelle.


La Doctoresse Christiane Tulp entre dans la chambre.

Sans un mot, elle prend ma tension, ensuite celle de Gwendeline.

Elle prend des notes, nous tâte la jambe juste au-dessus du plâtre.

"Avez-vous des douleurs dans les pieds ?"

On lui répond que non.

"Avez-vous une gène ou une sensation inhabituelle ?"

Encore non. Elle écrit dans son calepin et se dirige vers la porte de notre chambre. Je l'interpelle avant qu'elle ne sorte.


"Doctoresse ! On doit garder ces plâtres longtemps, avec les jambes attachées, on ne peut pas se déplacer."

Pas de réponse, elle est partie.

Gwendeline me dit "Elle se fout complètement de nous, on est juste quatre pieds qu'elle a opérés, mais on ne sait même pas ce qu'elle nous a fait subir."


Les deux surveillantes entrent à leur tour, toujours muettes. Je ne les ai jamais vues sans bâillon.

"S'il vous plaît, pouvez-vous nous détacher, au moins allonger notre chaîne."

Je n'y croyais pas, mais elles attachent nos chaînes d'une autre manière et nous laissent ainsi la possibilité de se rejoindre. Je me retourne dans mon lit pour m'asseoir, et ensuite essayer de me mettre debout, mais avec les jambes fixées ensemble et les pieds très tendus, je n'ai pas d'équilibre pour rejoindre mon amie. Impossible de me tenir debout. Je suis obligée de me traîner sur le sol, de ramper vers son lit. Je peux me redresser en me tenant au lit, et ensuite, me basculer sur le lit de ma chérie.


On est couchées l'une contre l'autre, nos visages face à face, très proche, nos lèvres se touchent, se pressent tendrement. Enfin dans ses bras, ensemble. Il y a si longtemps.

Mais... Un flash... Si longtemps ! En fait je n'en sais rien.

"Gwendeline, à ton avis, la Doctoresse nous on a endormi pour faire cette opération, mais tu sais combien de temps ? "

"Tu as raison, je ne sais pas, au moins une journée, mais comment savoir ?"

"Si notre opération des pieds a été faite ce matin, on devrait sentir des douleurs, un engourdissement ou quelque chose."

"Tu penses qu'elle nous a endormies plusieurs jours ?"

"Je n'en sais rien, et j'aimerais savoir ce que cette doctoresse nous a fait."


C'est le matin. On est serrées l'une contre l'autre dans un lit prévu pour une personne. Mais on est bien. Dommage que les plâtres qui nous attachent nos pieds et jambes ensemble, nous gênent beaucoup.


La porte s'ouvre, les deux surveillantes entrent en silence. Elles sont encore bâillonnées. Depuis notre arrivée, je n'ai jamais entendu leurs voix. Elles sont en permanence habillée de cet uniforme très collant, jupe très courte, entièrement noir, et ce bâillon qu'elle ne quitte pas. Elles sont suivies de la doctoresse avec une jeune femme tout en blanc.

Je demande fébrilement. "Doctoresse, pouvez vous me dire, combien de temps nous avons été endormie ?"

"Un mois, mademoiselle. Dans une clinique privée. Personne ne devait savoir qui vous étiez, et je ne pouvais pas vous surveiller en permanence. La sédation était la solution la plus simple."

Je suis soufflée. Un mois... Elle a eu tout ce temps pour nous faire quoi au juste ? Gwendeline me regardait comme pour me demander pourquoi... On nous traite comme des objets, qui n'ont pas la parole, pas d'opinion ou de désir.


Les surveillantes nous séparent et nous installent dans nos lits, sur une alèse en plastique.

Je ne réagis même pas...

La jeune femme en blanc, s'approche de moi avec une scie à plâtre. Elle découpe mon plâtre sur les côtés.

Je suis curieuse et inquiète de ce que je vais découvrir. Que m'a fait cette doctoresse durant tout ce mois ?

Le plâtre au-dessus de mes jambes est soulevé, retiré.

Mes pieds semblent normaux, si ce n'est qu'ils sont bien à plat, dans le prolongement de ma jambe, avec cette petite bosse du coup de pied caractéristique d'un pied de femme très cambré.


"Essayez de relever vos pieds !"

J'essaye, mais je ne peux pas, ils restent à plat.

"Mademoiselle, retirez le plâtre sous ses jambes" Et se retournant vers moi, la doctoresse me demande.

"Bien essayez lentement de cambrer vos pieds."

Ho non... C'est de la folie... non...

Je cambre mes pieds avec une horrible facilité, je les cambre complètement en arrière de mes jambes, une torsion impossible. J'essaye de les mettre à plat, mais ils restent au mieux verticaux. Je ne peux plus les positionner à plat, par contre, ils se plient en arrière d'une manière complètement anormale.


Gwendeline, libérée de son plâtre, fait les mêmes exercices que moi.

"Ma chérie, ho Gwendoline, c'est bizarre, c'est horrible. Comment pourrons-nous marcher avec nos pieds qui partent en arrière ? "

La doctoresse dit avant que je puisse répondre à Gwendeline.

"Vous comprenez que vous ne pourrez pas marcher à pied nu, ni avec des chaussures ordinaires. La seule posture est de marcher comme une ballerine, avec un débattement du pied uniquement en arrière et limité. C'est pour cette raison, que je vous ai fait faire des chaussures spéciales, qui vous maintiendrons les pieds verticaux, et soulagerons le poids sur la pointe de vos orteils. A partir de ce jour, vous êtes obligées de marcher que comme une ballerine qui fait des pointes. Toute autre posture vous est interdite par la nouvelle configuration de vos pieds."

Je la sens fière de son Ĺ“uvre, et moi estropiée, modelée au goût d'une autre femme, comme si j'étais une poupée à décorer.

Je suis une poupée délirante. Je suis une jolie coiffure, une ballerine, une taille de guêpe, un beau maquillage... Je regarde Gwendeline, ma chérie, elle aussi est devenue une poupée exceptionnelle. Nous sommes deux jolies poupées très décoratives. Et bientôt perchées sur nos orteils


L'infirmière sort d'une boite, deux paires de ballerines qui me semblent assez lourdes.

"Voilà vos chaussures spéciales. Elles ressemblent à des chaussures de ballerine, mais avec quelques modifications. La semelle est métallique et se prolonge à l'arrière de la cheville. Ainsi, une fois sanglés, vos pieds sont maintenus de force dans l'axe de la jambe, en position verticale et biens cambrés. Pour vos orteils, je vais injecter un produit, qui ressemble à du silicone, et qui va durcir en prenant la forme de vos orteils. C'est destiné à répartir le poids de votre corps sur l'ensemble des orteils et sur la cambrure de vos pieds."

La paire de chaussures, s'adapte parfaitement à mon pied.

"Ces chaussures sont faites d'après le moulage de vos pieds."

Quand les rubans de cheville sont attachés, mes pieds sont courbés, cambrés en arrière, mes orteils se trouvent plus en arrière que mes talons. C'est complètement anormal.


"Voilà mesdemoiselles, l'effet de l'opération que j'ai réalisée sur vos pieds. Il vous faudra réapprendre à vous tenir debout, à marcher, retrouver un nouvel équilibre, car le poids du corps qui pose naturellement entre les orteils et le talon, va maintenant reposer uniquement sur la pointe de vos pieds, qui se poseront sur le sol derrière vos jambes et non devant. Cela vous imposera une posture inédite."

Je n'imagine pas bien ce qui va se passer, mais je suis certaine que tenir debout et marcher, va être un problème pour Gwendeline et moi.


Pendant qu'une surveillante aide Gwendeline, l'autre surveillante s'occupe de moi et m'aide à me redresser et m'asseoir sur le bord du lit. Je pose le pied-droit sur le sol et déjà, c'est bizarre. La pointe de mon pied touche le sol, mais c'est trop en arrière, et cela me pousse la jambe en avant. Le pied gauche de même.

La surveillante me soutient pour que je redresse mes jambes, pour me mettre debout. Je pars en avant, je suis incapable de me retenir et je dois renoncer. La surveillante doit m'aider à m'asseoir. En fait, la posture de mes pieds est si étrange, si déséquilibrée, que je ne comprends pas comment faire pour me tenir debout. C'est comme si quelqu'un me poussait dans le dos pour me faire tomber.


Deuxième tentative. La doctoresse me conseille de me cambrer en arrière. Je suis debout, maintenue par les deux surveillantes. Les genoux pliés, incapable de me redresser. Je me suis inclinée très en arrière pour compenser mon déséquilibre, mais je tomberais sans le soutien des deux surveillantes. C'est affreux, je ne peux pas tenir debout. La posture de mes pieds est tellement bizarre, décalée, qu'il m'est impossible de trouver le bon équilibre.

En voyant nos difficultés, la doctoresse interrompt les tentatives de nous mettre debout.

"C'est bien pour aujourd'hui. Demain, commencera l'entraînement avec le matériel d'un kiné, pour vous aider."



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