TEXTES - Sophie

 

 

Souvenirs de Sophie

 

 

 

Par Fred Pody.

 

 

X

La deuxième épreuve

 

Nous suivions Florence. J'avais un peu honte de ne pas porter de robe et de pouvoir me déplacer sans étouffer sous des tonnes de vêtements. Delphine et Caroline suivaient péniblement engoncées sous leurs deux robes, leurs deux corsets atrocement serrés et leurs innombrables jupons.

Ninon et Maryse nous attendaient dans la salle d'entraînement. Toutes les barres du parcourt étaient en place. Je devais passer la même épreuve que la veille.

Malheureusement, je n'avais pas eu le temps de m'entraîner avec mes hauts talons.

Florence m'obligea à commencer de suite. Delphine et Caroline étaient vraiment inquiètes. Le parcourt fut aussi horrible que la veille. A chaque obstacle je fit tomber plusieurs barres et je tombais trois fois. Le bilant fut pratiquement le même que la veille.

Toute la matinée fut consacrée à enfiler jupons sur jupons, trois chemises en plus, trois corsets, trois cache-corsets et trois lourdes robes de velours épais.

Delphine et Caroline portaient maintenant la panoplie complète d'une dame bien corsetée et habillée pour l'hiver, mais en cinq exemplaires superposés.

J'étais figée par mes robes et mes corsets en trois exemplaires, mais elles! Avec cinq fois sept jupons, cinq corsets, cinq robes, cinq... L'épaisseur des robes était tel, que leurs tailles avaient disparues, la dernière robe formait une immense crinoline qui ne partait pas de la taille mais partait juste sous la poitrine tellement les couches de vêtements étaient épaisses.

Caroline semblait se baisser, Ninon s'approcha d'elle et cria de peur.

- Madame ! Elle s'est évanouie...

- Comment évanouie! Dit Florence. Elle n'est pas tombée que je sache.

- Presque. Dit Ninon. Ce sont ses robes qui la tienne. Elle est à genou, ses corsets et ses jupons la maintiennent plus ou moins verticale...

Je voyais Sophie vaciller et moi également je commençais à me sentir mal sous ces trois robes et corsets superposés. Le malaise causé par la chaleur, la pression des corsets et le poids des robes devenait de plus en plus difficile à supporter

Les caméristes s'étaient approchées de Caroline pour l'aider, mais ses robes étaient trop larges et volumineuses pour leur permettre de la soutenir avec efficacité.

C'est Florence qui leurs donna des instructions.

Deux caméristes partirent en se dépêchant, elles revinrent avec deux longues perches de bois assez solides.

Le milieu de ces perches était recouvert d'une bonne épaisseur de tissu. Les caméristes disposèrent les perches de chaque cotés du buste de Caroline, de sorte que le milieu protégé par le tissu, soit placé sous ses aisselles. Une corde devant et une autre derrière serraient les deux perches sur le haut du buste de caroline.

Quatre filles saisirent les perches, deux devant et deux derrière. Elles purent de la sorte en se tenant en dehors des larges robes de Caroline la soulever et la porter ainsi debout à sa chambre.

Delphine fut transportée de la même façon. Bien qu'elle ne se soit pas évanouie, on sentait bien que le moindre effort la ferait tomber dans les pommes. Je la sentais d'autan plus faible qu'elle ne disait plus un mot, occupée exclusivement à ne pas étouffer avec une respiration rapide et extrêmement limitée par ses cinq corsets.

Je ne portais que des robes et des corsets en trois exemplaires, et Florence exigea que je marche sans aide jusqu'à la chambre. Le poids épouvantable, la chaleur et l'oppression causées par les corsets étaient vraiment difficile à supporter. C'est avec une extrême lenteur, sous une chaleur épouvantable que j'avançais. Obligée de m'arrêter souvent pour reprendre mon souffle, essayer de reprendre mon souffle en me battant contre la pression terrible des corsets sur la poitrine. J'étais en nage, prise de vertige et de malaise par la chaleur, l'effort physique et le manque d'air. Mon calvaire était d'autant plus long que je me déplaçais lentement, mes pieds douloureux d'être trop cambrés par mes talons bien trop hauts et le poids énorme de mes robes.

Je traînais sur mon dos ma prison et mes tortures. Une prison redoutable qui vous enserre ou que vous soyez. Une prison qui vous étouffe, vous interdit la moindre activité et vous enlève toutes vos forces, votre énergie. Une prison qui vous broie et vous torture sans répit.

Enfin arrivée dans la chambre. Caroline et Delphine étaient là... posées sur le sol, probablement à genoux, perdues au milieu d'une mer de velours bleu sombre. On n'avait sûrement pas pu les coucher sur leurs lits et elles étaient incapables de rester debout.

Moi également, à bout de force, je me laissais tomber à genoux, l'épaisseur des robes et la rigidité de mes trois corsets ne me permettaient pas une autre position. Je me sentais maintenue de force bien droite, alors que je me laissais complètement aller, épuisée. Seul le volume de mes robes et la raideur de mes corsets m'empêchait de tomber plus bas.

Je crois que je me suis endormie, malgré l'inconfort d'être maintenue debout de force. Je voulus me retourner mais à genou, le buste et les cuisses bloquées, ce fut impossible. Seul ma tête pouvait tourner sur un buste rigide, comme planté dans le sol et tenus de force, bien droit par des tuteurs particulièrement fermes.

La lumière baissait lentement, il ferra bientôt nuit...

Ninon entra avec un plateau, une carafe d'eau et des verres. Mais nos robes étalées sur le sol étaient trop larges pour lui permettre de s'approcher suffisamment.

- Un moment. Dit-elle. Je reviens de suite.

Ont avaient toutes les trois terriblement soif, et cette carafe d'eau devant nous et pourtant inaccessible était un supplice.

Les robes nous faisaient beaucoup transpirer, les rendant encore plus inconfortables et attisant encore plus la soif. Ho Ninon, revient vite...

Cinq minutes, pas plus pour que Ninon réapparaisse, cinq longues minutes...

Elle avait fixé une petite louche au bout d'un bâton. Ainsi elle put nous donner à boire malgré l'ampleur de nos lourdes robes qui l'empêchait de s'approcher de nous.

La fraîcheur de l'eau était un pur délice. La seul note de fraîcheur depuis ce matin.

- Je suis désolée. Dit Ninon. Florence m'a interdit de vous aider plus. Elle a décidé de vous laisser ainsi durant toute la nuit. Vous ne serez libérées qu'en fin de matinée. Excusez-moi, mais je dois partir.

Dormir dans ces conditions, était sans doute la partie de la punition la plus dure. Et la nuit fut épouvantable. Nous étions ankylosées, j'avais mal partout à force d'immobilisation, de compression extrême et cette chaleur associée à l'essoufflement nous épuisaient.

L'aube tardait à venir... la lumière du matin montait lentement... ont ne sera libérées qu'en fin de matinée, encore combien d'heures à attendre notre délivrance. Combien d'heures à étouffer, à rester immobile, Bloquées, broyées... J'ai chaud et soif... Dormir allongé... ne plus luter en permanence pour un peu d'air... tous le corps douloureux à force de compression et d'immobilité...

Ninon entra avec sa carafe d'eau et la louche au bout d'une perche.

Enfin boire un peu. Un peu de fraîcheur.

- Ninon, s'il te plaît dit moi, encore combien de temps... quel heure est-il?

- Je suis désolée Mademoiselle Sophie, il n'est que six heure du matin et je crains que Madame Florence ne s'occupe pas de vous avant quatorze heure, après son déjeuner.

Le temps passa lentement et douloureusement.

Le soleil avait enfin atteint son zénith. Nous serons bientôt libérées.

Bientôt...

Quand Florence apparu à la porte, je lui aurais bien sauté au cou si mes robes et mes corsets ne m'immobilisaient pas implacablement au sol.

Une armée de six caméristes entrèrent et s'activèrent sur les multiples noeuds qui maintenaient cette horrible prison de tissus et de baleines rigides.

Le déshabillage fut long, mais quel bonheur de sentir le poids diminuer lentement.

Après une heure et demis de déshabillage laborieux, il ne me restait que mon corset.

Ont dû me porter jusque la salle de bain. J'étais incapable de me tenir debout et j'avais des fourmillements dans tous le corps et les jambes au fur et à mesure que la circulation sanguine redevenait plus normal.

On me délaça le dernier corset juste avant d'entrer dans le bain. Je me sentais enfin libre, sans rien pour me serrer ou bloquer mes mouvements. Quel délice de se laisser flotter dans un bain parfumé et bien chaud. Se sentir propre, un monde de douceur et de volupté.

Caroline et Delphine devaient sûrement passer des moments aussi agréables. La fin d'une punition que je leur avais imposée en quelque sorte.

Je ne veux plus être la cause de leurs souffrances et je pris la décision de m'entraîner sérieusement à marcher avec des talons hauts. Aussi hauts qu'Florence le voudra.

- Mademoiselle! Dit Ninon. Il faut sortir du bain. Je dois vous lacer un corset propre et vous coucher. Madame Florence veut que vous repreniez votre entraînement du corset et des hauts talons dès demain matin.

- Oui Ninon, aide-moi à me lever. Tu sais que Delphine ne veux pas que je reste debout sans le soutient de mon corset. Houu... Vite mon lit, Demain sera sûrement plus calme...

 

 

 

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